lundi 5 mars 2012

La guerre froide aérienne algéro-marocaine dans les années 80


Si tout le monde ou presque se doute de l'existence d'une "guerre froide", toujours persistante, entre l'Algérie et le Maroc, très peu en connaissent le volet aérien.
De 1975 au début des années 90, une intense activité aérienne, parfois ponctuée de combats, a eu lieu sur la bande frontalière algéro-marocaine. Ceci sans parler des efforts anti-aériens entrepris par le Polisario, sur ses terres, contre le Maroc et qui a pratiquement décimé l'aviation alaouite.

Mig 21 algériens déployés à Tindouf près de la frontière marocaine 

Par deux fois des avions portant la cocarde rouge ont essayé d'user un supposé droit de poursuite contre des éléments du Polisario en territoire algérien, on été abattu, selon le site "ejection history" qui recense les crash (accidentels ou pas) d'avions militaires dans le monde.
L'écrivain et journaliste, spécialiste de l'aviation, Tom Cooper raconte l'histoire d'un Mirage F1 marocain qui, en 1986, se mit à poursuivre une colonne sahraoui à l'intérieur du territoire algérien. Immédiatement détecté, il fut pris en chasse par deux Mig 21 algériens qui le guidèrent vers la zone de couverture d'une batterie anti-aérienne. Le Mirage F1, illuminé par le radar mais volontairement épargné a du s'engager dans des manœuvres évasives, larguant au passage et en urgence, réservoirs de carburant et armement. La batterie algérienne l'aura laissé s'épuiser jusqu'à ce que le pilote décide de fuir au Maroc.

Mig 25 algérien

Les actions les plus spectaculaires de l'AAF furent l'oeuvre de Mig 25. L'avion de chasse le plus rapide de l'histoire et volant le plus haut avait été acquis par l'Algérie au début des années 80 pour se doter de réelles capacités d'interception contre des ennemis ayant une aviation moderne (France, Israël ..) et pour effectuer de la reconnaissance loin des frontières sur les pays limitrophes et même ceux se trouvant sur l'autre rive de la Méditerranée.

En 1982 ou 1983, les forces royales de l'air (FRA) ragaillardies par un un exercice aérien commun avec l'US Air Force se sont mis à voler de façon agressive et provocatrice tout au long de la frontière algéro-marocaine. L'Etat Major des forces aériennes décide alors de sortir le grand jeu, pour ce faire un Mig 25 fut secrètement déployé à Tindouf, arrivé à basse altitude et de nuit de d'Ain Ouessara. La configuration de la base aérienne de Tindouf est simple, la piste est dirigée vers le Maroc et généralement les avions les moins agiles la prennent à contre sens ou bien bifurquent rapidement afin de ne pas se retrouver de l'autre coté de la frontière. Les Algériens avaient pris l'habitude de monitorer les exercices Américains et Marocains ont attendu que tous les appareils se posent pour faire décoller le Mig 25, qui prit rapidement vitesse et altitude, traversa de part en part le Maroc, puis, au dessus de l'atlantique, opéra une boucle et revint par le même chemin à sa base d'origine. Les Marocains tétanisés, n'ont fait décoller aucun de leurs chasseurs ni même activés leur défense aérienne. Depuis, raconte Tom Cooper, leurs vols sont devenus plus "diplomatiques".

Il est rapporté aussi que plusieurs missions de reconnaissance Mig 25, furent entreprises au dessus du Maroc, pour ce faire, les Mig 25 décollaient de leur base d'attache de Ain Ouessara, allaient plein nord à toute vitesse (imaginez 80 kilomètres par minute), bifurquaient en méditerranée vers l'Ouest en survolant l'Andalousie pour traverser enfin du Nord au Sud le royaume alaouite et revenir à Tindouf. Entre temps l'opération aura affolé les défenses aériennes de plusieurs pays, qui ne pouvaient rien contre les performances de l'oiseau gris bleu. Ce sont ces survols intempestifs qui ont poussé l'Espagne à acquérir en urgence des F18 et une frégate Aegis.
Depuis les années 90 et avec la dégradation de l'aviation marocaine doublée de l'édification du mur au Sahara Occidental, les tentatives d'intimidations marocaines se sont réduites, les FAR comme les FRA se contentant de vivre à l'ombre du mur de sable, loin des positions algériennes qui ont su, depuis 1962, garantir l'inviolabilité du territoire national.

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