mardi 22 novembre 2011

Quand Boumediene expulse George le pirate et restitue aux Américains la rançon d'un million de dollars


Il voulait trouver l’asile en Algérie avec un million de dollars, mais le président Boumédiene décida de le renvoyer ailleurs. George Wright, un Américain qui s'était échappé d'une prison du New Jersey en 1970 a été arrêté lundi 26 septembre, prés de Lisbonne, au Portugal au terme d'une cavale épique de 41 ans, marquée par le détournement d'un avion des Etats-Unis vers l'Algérie.

George Wright, 68 ans, malfaiteur récidiviste condamné avec un complice pour le meurtre d'un ancien combattant de la seconde guerre mondiale dans une station service en 1962, s'était enfui de la prison de Bayside en août 1970, avec trois complices. Il s'était d'abord enrôlé dans la Black Liberation Army (Armée de libération des Noirs), à Détroit.
Le 31 juillet 1972, habillé comme un prêtre, il avait, avec quatre complices, détourné un avion de Delta Air-Lines effectuant la liaison Detroit-Miami. Arrivé à Miami ils avaient demandé une rançon record - pour l'époque - d'un million de dollars pour libérer les 86 passagers.

Une fois la rançon payée, les pirates de l'air avaient contraint à l'avion à repartir vers Boston, où ils avaient refait le plein avant de repartir vers l'Algérie où ils avaient demandé l'asile.

A Alger, ils ont été pris en charge par Eldridge Cleaver, écrivain militant du mouvement des Panthères Noires (Black Panther) à qui les autorités algériennes avaient accordé asile et assistance.
Installé dans une villa sur les hauteurs d’El Biar, Cleaver percevait une rente mensuelle de 500 dollars et avait transformé sa résidence en siège des Black Panthers.
C’était l’époque ou l’Algérie était la Mecque des révolutionnaires et Cleaver était la personne idoine vers qui Wright pouvait se tourner.
L’arrivée de George Wright avec un million de dollars sème la zizanie à Alger.
Eldridge Cleaver tenait absolument à garder le magot alors que les autorités algériennes, soucieuses de ne pas froisser les Américains à qui l’Algérie vendait du pétrole pour 120 millions de dollars par an, voyaient d’un mauvais œil l’affaire.
Eldridhe Cleaver avait ainsi adressé une lettre au président Boumédiene dans laquelle il écrivait : « nous devons avoir cet argent (…) pas de mais ou de si sur ce point ». « L’expropriation » de l’appareil, ajoutait-il, était « un problème interne aux Américains, qui doit être réglé par eux même et non par d’autres qui ont été incidemment impliqués. »
Cette lettre a provoqué la colère du président algérien qui l’avait jugée discourtoise.
Boumediene prit alors la décision de renvoyer l’avion de Delta Air Lines ainsi que l’argent aux Etats-Unis. Le pactole avait été transporté à Paris par deux hommes à bord d’un boieng 727 d’Air Algérie qui avait atterrit à l’aéroport d’Orly.
Les pirates de l'air ont été brièvement détenus avant d’être libérés. Houari Boumediene avait ignoré leur demande d’asile et refusa de leur rendre l’argent de la rançon.
D’Alger, les membres du groupe ont gagné la France. En mai 1976, ils avaient fait à nouveau les gros titres lorsqu'ils avaient été arrêtés par la police française. Tous, sauf George Wright, introuvable. Jusqu'à ce lundi 26 septembre 2011.

Le FBI qui s'est félicité hier de la coopération ayant permis son arrestation, a précisé que les Etats-Unis avaient demandé son extradition, pour qu'il finisse de purger le restant de sa peine de 15 à 30 ans de prison fixée lors de sa condamnation en 1963.